Témoignage d’Anthoni
Je m’appelle Anthoni et j’ai 16 ans.
Je viens de Chikopelo, un village situé au centre de la Tanzanie.
Mon père a été veuf deux fois avant de rencontrer ma mère. Il a 83 ans et ma mère en a 45.
Je suis le 4ème enfant des 7 enfants que mes parents ont eus ensemble.
Deux de mes grandes sœurs sont mariées et la 3ème est malheureusement décédée.
Mon frère cadet, Emanueli, s’est enfui de la maison car nous n’avions rien et étions très pauvres. Je ne sais pas ce qu’il est devenu…
A la maison, je vivais donc avec mon père et mes deux petits frères car ma mère nous a abandonnés en septembre 2022.
Mes premières années à l’école
Lorsque j’étais en première primaire, je suis tombé malade mais je n’ai pas été à l’hôpital ; mes parents se sont contentés de me garder à la maison. Lorsque j’ai été finalement guéri, j’ai dû recommencer mon année scolaire l’année suivante car j’avais eu trop de jours d’absence et je ne savais toujours pas lire.
J’ai également dû redoubler ma deuxième année car j’étais souvent chassé de la classe parce que je n’avais ni uniforme, ni chaussures, ni fournitures scolaires. Heureusement, un de mes amis a terminé sa 7ème année et m’a donné son uniforme et ses chaussures afin que je puisse recommencer ma seconde année. Je les ai gardés jusqu’à la fin de ma 7ème année, tout comme mon cahier d’exercices que mon père a pu m’acheter en vendant du charbon de bois.
J’avais tellement faim
Notre école était à deux heures de marche de la maison, je me levais à 5 heures et j’arrivais à 7h15 à l’école.
J’avais très souvent faim durant la journée car nous ne recevions rien à manger à l’école. Seuls les enfants dont les parents fournissaient du maïs à l’école avaient le droit de recevoir du porridge, les autres devaient se contenter de boire de l’eau.
A la maison, parfois nous ne mangions pas pendant deux jours…car il fallait que mon père vende assez de charbon de bois pour nous acheter de la nourriture.
Je suis reconnaissant envers mon père car malgré son âge, il continue de travailler très dur et grâce à ses efforts, il a pu payer la moitié des frais de bus pour que j’arrive au Village des Sœurs de Marie, l’autre moitié du trajet de bus a été payée par les parents d’un de mes camarades qui ont eu pitié de moi.
Un nouveau départ
Aujourd’hui, je vis dans le nouveau Village des Sœurs de Marie et je suis très heureux. Lorsque je suis arrivé, j’ai été chaleureusement accueilli par les Sœurs mais je pensais aussi à mon père parce qu’il était seul avec mes deux petits frères désormais. Je m’inquiétais de savoir qui allait chercher de l’eau au puits pour lui pendant la journée.
Lorsque je suis monté dans le bus, mon père m’a fait promettre de bien étudier. Je tiendrai cette promesse car je veux pouvoir l’aider à subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de mes frères.
Lorsque j’aurai terminé mes études, je voudrais être professeur et aider les personnes les plus pauvres à recevoir une éducation.
Anthoni